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14/09/2019
Monaco: les secrets du chantier du siècle 11/09/2019

100 000 euros le m2!!

Monaco: les secrets du chantier du siècle D’ici à 2025, la principauté de Monaco, la ville la plus chère du monde, aura gagné six hectares sur la mer, au profit d’une poignée de milliardaires. Parmi les promoteurs de ce chantier à deux milliards d’euros – le plus grand d’Europe –, qui verra des logements de grand luxe vend...

10/09/2019

Gérard Noiriel : « Les raisons de ma propre indignation »

Dans l’avant-propos de son dernier livre, « Le Venin dans la plume. Edouard Drumont, Eric Zemmour et la part sombre de la République », l’historien Gérard Noiriel explique pourquoi « Destin français », l’ouvrage du chroniqueur du « Figaro », l’a profondément choqué.

Par Gérard Noiriel Publié hier à 17h00, mis à jour à 13h34

Temps de Lecture 11 min.

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« Face au mépris de classe, le bien le plus précieux que ma mère a transmis à ses enfants, c’est une façon de défendre sa dignité qui consiste à ne pas vouloir se comporter comme ceux qui vous ont humiliés » (Photo: Gérard Noiriel).
« Face au mépris de classe, le bien le plus précieux que ma mère a transmis à ses enfants, c’est une façon de défendre sa dignité qui consiste à ne pas vouloir se comporter comme ceux qui vous ont humiliés » (Photo: Gérard Noiriel). EDITIONS FAYARD

Extraits. […] Ce que j’ai moi-même éprouvé en lisant les pages de Destin français (Albin Michel, 2018) consacrées à ma communauté professionnelle est comparable à ce que ressentent les membres des communautés musulmanes quand Zemmour discrédite leur religion, ou les homosexuels quand il s’en prend au « lobby gay ». Contrairement à Edouard Drumont, le vocabulaire injurieux d’Eric Zemmour ne vise pas nommément les personnes (en tout cas dans ses livres). Il n’empêche que sa façon de concevoir le « débat » est ressentie par ceux qui sont indirectement visés comme une atteinte inadmissible à leur dignité.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Gérard Noiriel : « Eric Zemmour légitime une forme de délinquance de la pensée »

Bien que ce livre ne se situe pas sur le plan de la polémique, mais cherche plutôt à proposer une analyse, j’ai voulu mettre à profit cet avant-propos pour expliquer les raisons de ma propre indignation, car c’est aussi une manière d’éclairer le lecteur sur le point de vue d’où l’on parle. Eric Zemmour a justifié son dernier livre en affirmant : « Quant à l’idéologie, tout le monde a un œil idéologique. Même les historiens qui prétendent le contraire. Sinon, on n’écrit pas une histoire de France. »

Cette réflexion montre qu’il ignore complètement le b.a.-ba de l’épistémologie de l’histoire. Depuis Max Weber, nous savons pertinemment que toute recherche repose sur une perspective, un point de départ, en rapport avec les centres d’intérêt et l’histoire personnelle du chercheur. C’est ce qui explique que la curiosité des historiens se soit étendue à des domaines de plus en plus divers et qu’il puisse y avoir des désaccords entre eux. Il n’empêche que tout historien digne de ce nom met en œuvre une méthode, qui n’est d’ailleurs pas très éloignée de celle qui définit la déontologie du vrai journaliste : trouver des sources, les confronter pour établir des faits vrais et vérifiables, etc. Eric Zemmour, on le verra, ne respecte aucune de ces règles. Contrairement aux historiens, son objectif est, en effet, strictement idéologique.

Ce qui m’a le plus choqué dans son dernier livre, ce sont ses affirmations concernant le « pouvoir » des enseignants-chercheurs. « Ces historiens-là tiennent le haut du pavé, écrit-il. Ils ont titres et postes. Amis et soutiens. Selon la logique mafieuse, ils ont intégré les lieux du pouvoir et tiennent les manettes de l’Etat. » Je fais partie des historiens qui ont « titre et poste », puisque j’ai effectué toute ma carrière dans des institutions prestigieuses (l’Ecole normale supérieure et l’Ecole des hautes études en sciences sociales), où est formée une partie des élites de la République. Je serais donc l’un des membres de cette « grande machinerie universitaire historiographique [qui] euthanasie la France », comme il l’écrit aussi dans Destin français.
Rengaine

Depuis la parution de son dernier livre, Zemmour ressasse partout la même rengaine. Dans la chronique qu’il tient chaque semaine dans Le Figaro, il écrit par exemple : « Les historiens se soumettent au nouveau pouvoir. » Et d’ajouter : « Le nouveau Dieu de nos historiens contemporains est la Femme ou l’Europe ou le Migrant ou le Décolonisé […]. La plupart des historiens qui se prétendent scientifiques sont devenus de nouveaux prêtres qui servent de nouveaux dieux. »

Ces calomnies sont répercutées régulièrement par des chaînes télévisées, des radios, une partie de la presse, sans que nous ayons la possibilité d’y répondre, alors même qu’elles ne reposent sur aucune preuve. Puisque tous les journalistes, paraît-il, traquent aujourd’hui les « fake news », je suis disposé à contribuer à faire éclater la vérité, en dévoilant publiquement le type de pouvoir et de privilèges que je détiens. Je suis prêt à comparer, avec Eric Zemmour, ma déclaration d’impôts, mon patrimoine, le quartier où je vis, mon emploi du temps et mon carnet d’adresses. Et puisque, paraît-il, ces mêmes journalistes mènent un combat quotidien contre le « populisme », je suis sûr qu’ils s’empresseront d’informer leur public sur la façon dont Eric Zemmour mobilise la rhétorique populiste pour tenter de faire taire ses contradicteurs.

Le « populisme » au sens vrai du terme, c’est l’usage que les dominants font du « peuple » pour régler leurs querelles internes. Depuis plusieurs années, Le Figaro a consacré beaucoup d’énergie pour présenter Eric Zemmour comme un enfant du peuple, un pur produit de la méritocratie républicaine.

Toujours dans Le Figaro, Zemmour n’a pas hésité à suggérer que les critiques dont il était l’objet de la part des historiens professionnels reflétaient un « mépris de classe ». « Comme je suis le porte-voix des classes populaires et que j’en viens, je suis associé dans le mépris dans lequel une partie des élites tient celles-ci », affirme-t‑il dans un entretien publié par Le Figaro en 2014.
Stigmatisation

Bien que cette exhibition des origines sociales me déplaise fortement, car c’est l’une des formes du discours identitaire qui pollue aujourd’hui notre vie publique, je prendrai mon propre cas pour montrer la stupidité de cet argument. Eric Zemmour et moi, nous sommes – à quelques années près – de la même génération ; mais il se trouve que mes origines sociales sont encore plus « populaires » que les siennes.

Mes parents ne m’ont pas placé dans une école religieuse comme ceux du petit Zemmour. J’ai fait ma scolarité à l’école publique avant la réforme Haby (1975), qui a mis en place ce fameux « collège unique » que Zemmour présente comme une catastrophe nationale

Certes, je suis issu d’une famille qui n’a jamais eu besoin de justifier ses « racines ». Noiriel est un vieux patronyme lorrain, attesté dès l’Ancien Régime. Du côté de mon père, le berceau de la famille, c’est le petit village d’Haréville-sous-Montfort, à une trentaine de kilomètres du village natal de Jeanne d’Arc (Domrémy-la-Pucelle) et de celui de Maurice Barrès (Charmes). Du côté maternel, on retrouve les villages de Darney et de Plainfaing, proches de Saint-Dié, la ville natale de Jules Ferry.

Pourtant, je ne me suis jamais identifié à cette France-là, bien au contraire. Né dans une famille modeste et déclassée, ce qui m’a marqué dès l’enfance, c’est la stigmatisation qui pesait sur les gens comme nous ; le mépris des bourgeois pour les familles nombreuses qui-font-des-gosses-pour-toucher-les-allocs (j’étais l’aîné d’une famille de huit enfants).

Mes parents ne m’ont pas placé dans une école religieuse comme ceux du petit Zemmour. J’ai fait ma scolarité à l’école publique avant la réforme Haby (1975), qui a mis en place ce fameux « collège unique » que Zemmour présente comme une catastrophe nationale. Comment pourrais-je prétendre que « c’était mieux avant », alors que j’ai vécu la ségrégation sociale qui interdisait aux enfants des classes populaires d’aller au lycée ?
La culpabilité de Drumont

Après le CM2, direction la filière courte dans un collège d’enseignement général (CEG), avec le brevet comme terminus ; sauf pour les élèves qui passaient le concours d’entrée à l’école normale d’instituteurs, ce qui a été mon cas. Alors que Zemmour ne cesse de parler des « continuités » de son enfance, avec des trémolos dans la plume, ma trajectoire était à l’inverse marquée par les ruptures et les galères : j’ai dû mener un parcours du combattant pour franchir une à une les étapes.

J’évoque ce passé non pas pour affirmer que ma propre histoire serait « représentative », mais au contraire pour souligner la diversité des trajectoires qui ont caractérisé notre génération, alors que Zemmour présente son expérience comme un modèle afin de prouver que « c’était mieux avant ».
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Gérard Noiriel : « Eric Zemmour tente de discréditer tous les historiens de métier »

Dans un autre passage de son entretien publié dans Le Figaro, Eric Zemmour confie à son interlocuteur : « J’ai l’impression d’être resté fidèle à mes origines sociales, de ne pas avoir trahi d’où je viens. Tout cela touche à des sentiments très profonds. » Je suis en partie d’accord avec cette dernière phrase. Beaucoup de « transfuges sociaux » éprouvent un sentiment de culpabilité parce qu’ils ne vivent plus dans le milieu qui a été celui de leur enfance. On verra plus loin qu’Edouard Drumont était, lui aussi, fortement travaillé par cette culpabilité. Le problème, c’est de savoir comment on s’en sort, car la culpabilité n’est pas toujours bonne conseillère.

Face au mépris de classe, le bien le plus précieux que ma mère a transmis à ses enfants, c’est une façon de défendre sa dignité qui consiste à ne pas vouloir se comporter comme ceux qui vous ont humiliés. Ma vocation de savant est née de là, parce que la science m’a donné la possibilité de sortir de mon milieu d’origine, tout en ayant la conviction (assez naïve, j’en conviens aujourd’hui) que mes recherches pourraient être utiles à ceux qui souffrent. Dans le même temps, j’ai réglé mon problème de culpabilité en continuant à vivre dans la ZUP de la banlieue parisienne où je suis arrivé au tout début des années 1980. Ce n’était nullement une forme d’héroïsme, bien au contraire, puisque je me suis toujours senti beaucoup plus à l’aise dans les quartiers populaires enrichis par la mixité que dans les ghettos de la bourgeoisie parisienne.
Fascination pour les « grands »

Certes, comme tous les membres de la classe moyenne qui ont fait ce choix pour mettre leur pratique en conformité avec leurs discours humanistes, j’ai été parfois saisi par le doute.

C’est ce qu’on appelle un « conflit de loyauté ». L’avenir de mes enfants ne risquait-il pas d’être compromis par mes choix personnels ? Ce type d’inquiétude conduit les parents, le père et la mère, à assumer toutes leurs responsabilités. A la différence d’Eric Zemmour, je n’ai jamais été l’un de ces pères qui « considèrent qu’ils perdent leur temps quand ils s’occupent de bébé ». Mes enfants ont fait leur scolarité dans les écoles publiques du quartier de banlieue où nous habitions et cela ne les a pas empêchés de réussir leurs études.
« Le Venin dans la plume. Edouard Drumont, Eric Zemmour et la part sombre de la République », de Gérard Noiriel. La Découverte, 252 pages, 19 euros
« Le Venin dans la plume. Edouard Drumont, Eric Zemmour et la part sombre de la République », de Gérard Noiriel. La Découverte, 252 pages, 19 euros

Eric Zemmour, tout comme Edouard Drumont avant lui, est un exemple parfait des transfuges sociaux qui ont été tellement fascinés dans leur enfance par le monde bourgeois qu’ils ont mobilisé toute leur énergie pour le rejoindre et lui ressembler. Fortune faite, Eric Zemmour s’est installé « dans un vieil immeuble XIXe, à l’ombre de l’église Saint-Augustin dans le 8e arrondissement, ce phare du catholicisme pour temps obscurs », et il a scolarisé ses enfants dans des établissements privés. La fascination pour les « grands » transpire d’ailleurs à chaque ligne de son histoire de France.

Comment, dans ces conditions, peut-on affirmer qu’on est resté fidèle à ses origines ? La réponse tient dans ce que j’appelle une fidélité dévoyée. Elle consiste à inventer des « dominants imaginaires » contre lesquels on mène un combat inlassable au péril de sa vie. C’est ce genre de raisonnement qui pousse constamment Eric Zemmour à dramatiser la situation des banlieues, en prenant les exemples extrêmes pour la règle.

Quand il affirme, par exemple, que « les banlieues françaises sont désormais homogènes ethniquement et religieusement », c’est une manière de justifier le fait qu’il a lui-même déserté les lieux où il a passé son enfance. Pour éviter les ghettos qu’il dénonce, il aurait pu montrer l’exemple et y rester, comme je l’ai fait. De même, quand il affirme que le « vivre-ensemble », « c’est le fantasme des plateaux télé. Dans la réalité les gens ne se mélangent pas, ils se séparent », il prend ses désirs pour des réalités, en généralisant son cas personnel.
Une valeur républicaine piétinée

Dans l’interview citée plus haut, Eric Zemmour affirme aussi : « Ma plus grande peur est effectivement de me couper du peuple et de rester enfermé dans ma tour d’ivoire médiatique. C’est un risque qu’il faut que je conjure. J’ignore encore comment. » Pour ma part, j’ai trouvé la réponse en créant une association d’éducation populaire qui intervient régulièrement dans les centres sociaux, les établissements scolaires de la région parisienne et ailleurs.

Eric Zemmour, tout comme Edouard Drumont avant lui, est un exemple parfait des transfuges sociaux qui ont été tellement fascinés dans leur enfance par le monde bourgeois qu’ils ont mobilisé toute leur énergie pour le rejoindre et lui ressembler

Je propose donc à Eric Zemmour de délaisser momentanément les plateaux télé et de nous accompagner dans l’une de nos représentations. Par exemple au centre social de la Maison des quartiers Maroc et Avenir, à Stains, commune qu’il présente comme la capitale européenne de la drogue. Il y découvrira un public attentif, composé en majorité de femmes des classes populaires, qui portent des foulards et qui apprécient plus que tout qu’on les respecte et qu’on vienne discuter avec elles.

Je n’essaie pas de me présenter comme un modèle. Chacun est libre d’organiser ses choix de vie comme il l’entend. Mais si l’on veut vraiment combattre le « populisme », il faut commencer par s’en prendre à ceux qui le nourrissent chaque jour depuis les positions de pouvoir qu’ils occupent. Ce qui différencie la science de l’idéologie, c’est que la démarche scientifique n’a pas pour finalité de confirmer constamment son identité, ses choix et ses intérêts personnels.

La finalité civique de la science réside dans ce que j’appelle un travail de « désidentification », la capacité de se rendre étranger à soi-même afin de permettre aux individus de s’émanciper des déterminismes qui pèsent sur eux, souvent sans qu’ils s’en rendent compte. C’est un idéal qu’on n’atteint jamais mais vers lequel il faut tendre. Il s’agit, là aussi, d’une valeur républicaine héritée des Lumières, malheureusement piétinée aujourd’hui, y compris par ceux qui ne parlent de la République qu’avec des trémolos dans la voix.

10/09/2019
Un mapa cada dia: Quan els noms volen dir coses diferents 19/08/2019

Un mapa cada dia: Quan els noms volen dir coses diferents En els mapes, en la cartografia, una peça essencial són els noms. Noms d’estat, de nació, de regió, de ciutat, d’accident geogràfic, de muntanya, de riu, de mar… Sense els noms, els mapes sembla que perden el sentit. Però què passa quan canvien de significat al llarg del temps? Aquest m...

05/08/2019
21/07/2019
10/07/2019

M. Emmanuel Macron,

Je suis Cédric Maurin un rescapé de l’attentat du Bataclan et je suis un des professeurs grévistes qui a retenu notes et copies. Je les ai rendues vendredi 5 juillet après-midi et en faisant cela je suis persuadé d’avoir défendu l’honneur de notre institution.

Cette nuit je n’ai pas dormi, réveillé sans cesse par des sueurs froides en pensant aux élèves et aux parents qui doivent faire face au sabordage du bac 2019 que M. Blanquer a orchestré, rompant ainsi l’égalité de traitement des élèves vis-à-vis d’un examen national, et en s’asseyant sur la souveraineté des jurys de professeurs, envoyant des consignes, sans en-tête et non signées : en somme un véritable putsch administratif. Qu’une partie de l’administration et des collègues ait appliqué ces consignes me révolte car ils l’ont fait par peur des menaces que le ministre Blanquer n’a cessé de proférer à l’encontre des personnels administratifs et enseignants de l’Education nationale. Depuis quand un ministre intimide-t-il les personnels dont il a la responsabilité ? Est-ce cela l’école de la confiance voulue par M. Blanquer ? C’est en tout cas comme une véritable mise au pas, que les personnels enseignants perçoivent l’article 1 de la loi Blanquer.

Cette nuit, en effet, je n’ai pas dormi car j’ai été scandalisé et blessé par une interview télévisée pendant laquelle vous avez employé, à propos des enseignants grévistes, l’expression « prendre nos enfants et leurs familles en otages », reprenant ainsi des éléments de langage dangereux et pour le moins risqués. M. Macron, les professeurs grévistes ne sont ni des délinquants ni des terroristes ! Ce sont des personnes qui ont décidé d’exercer un droit constitutionnel, le droit de grève, pour dénoncer, d’une part, des réformes inégalitaires qui détruisent le service public qu’est l’Education nationale, d’autre part, le refus total de M. Blanquer d’ouvrir sa porte et discuter avec les personnels enseignants, et pour cause, à chaque enquête, l’écrasante majorité d’entre eux est très hostile aux réformes qui sont menées au sein de l’Education nationale. Nous avons exercé ce droit de grève, contraints et forcés par le refus de dialogue de la part de M. Blanquer : personne ne sacrifie 1/30ème de paie par journée de grève avec gaité de cœur. Nous préparons nos élèves, toute l’année pour cet examen du bac, dans des conditions de plus en plus difficiles, c’est un crève-cœur pour nous de devoir nous mobiliser (nous l’avons fait tout au long de l’année) pendant une période d’examen. C’était un appel à l’aide et un cri d’alarme.

Les mots ont un sens et même une symbolique et il est trop facile, pour des enjeux communicationnels d’essayer de braquer l’opinion contre les professeurs, souvent caricaturés comme des fainéants privilégiés ; or, comme vous avez pu le dire vous-même, les professeurs, en France, sont sous-payés et le métier est tellement peu attractif qu’en 2019, près de 1500 postes ont été non pourvus aux concours du 1er et du 2nd degré. Pour compenser cela vous ferez appel à des contractuels non formés et peu protégés, utilisés comme de véritables fusibles colmatant les failles causées par le manque d’investissement dans l’éducation. Malgré tout, dans certains départements, l’utilisation massive de contractuels ne suffira pas à pourvoir tous les postes.

L’utilisation de tels éléments de langage n’est pas anodin et est le fruit d’une double tendance dans votre politique et votre communication : la criminalisation des mouvements de contestations sociales et l’invisibilisation de ces mouvements.

Prendre les élèves en otages ? Ces mêmes élèves ont mené une contestation contre vos réformes. Ceux du lycée Arago, en mai 2018, ont été conduits en garde-à-vue (les parents étant avertis parfois 40h après le début de la garde à vue), ceux de Mantes-la-Jolie, à genoux pendant des heures, mains sur la tête ou attachées dans le dos et tête contre un mur, humiliés par les forces de l’ordre. Nous avons tous encore ces images atroces dans un coin de la tête et les professeurs stylos rouges ou grévistes retenant notes et copies se sont, par solidarité avec les élèves, photographiés dans cette même posture. Nous nous souvenons tous de collègues qui ont dû s’interposer pour protéger leurs élèves des forces de l’ordre pendant des blocus ou des manifestations.

Nous avons tous encore en mémoire aussi, cette vidéo mise en ligne, d’une professeure braquée en plein cours à Créteil et le hashtag « Pas de vague » qui a libéré la parole des enseignants, jusque là effrayés de dénoncer les anomalies internes et leur sensation d’être isolés et impuissants : écrasés par leur administration.

L’organisation du bac 2019 et la gestion de M. Blanquer face aux mouvements de contestation des professeurs n’a pas dérogé à la règle. Le 17 juin, les personnels enseignants se sont fortement mobilisés pour la grève des surveillances du bac (entre 20 et 25% de grévistes), avec le système de sur-convocation, l’emploi de personnels extérieurs, M. Blanquer a communiqué sur un chiffre de 3% de grévistes. Ce chiffre ne correspond pas au pourcentage de grévistes mais à celui de manque de personnel effectif devant les élèves : première entaille dans le fiasco orchestré qu’est celui du bac 2019. Dans mon établissement, d’ordinaire tranquille, nous étions 40% de grévistes, parce que nous n’avons pas eu les moyens nécessaires à l’application de vos réformes, mais aussi parce que d’ici 2-3 ans, nous n’aurons plus italien, ni allemand, ni latin, ni grec et que des postes vont être supprimés. Quel établissement dans le secteur proposera ces enseignements ? Aucun ! La solution sera de passer par le CNED : c’est la fin de l’école publique gratuite et de l’égalité des chances ! Elève puis étudiant boursier, j’ai fait 9 ans de latin : avec le système qui va être mis en place, je n’aurais jamais pu avoir accès à cet enseignement.

Alors oui du 2 au 4 juillet j’ai été gréviste et n’ai pas rendu les notes et copies (que je n’ai rendues que le vendredi 5 après-midi), pour protester contre tout cela. Je suis fier de ce mouvement qui s’est constitué petit à petit, depuis un an et demi. Il est venu recréer de la solidarité entre collègues enseignants, en dehors des syndicats et a été irréprochable dans ses choix et ses actions. Tout a été décidé démocratiquement en AG, nous avons été parfaitement encadrés juridiquement car les personnels enseignants, eux, sont très attachés à l’Etat de droit. Notre principale revendication : être reçus et entendus par M. Blanquer, qui n’a pas fait ce choix. Le ministre a refusé catégoriquement de nous recevoir. La suite est dramatique. M. Blanquer maintient la date des résultats du bac. Face aux très nombreux refus de jurys de statuer sur les élèves à qui il manque des notes, il a demandé à l’administration (non légitime pour cela) de compléter avec les notes, non pas du contrôle continu (qui n’existe pas, encore une fois un élément de langage qui prépare le terrain aux réformes Blanquer), mais aux moyennes présentes dans les livrets scolaires. Les conséquences de ce choix sont nombreuses et terribles et vont toutes dans le sens d’une rupture d’égalité des candidats à l’examen national du bac. C’est à se demander si ce chaos provoqué par M. Blanquer n’a pas été pensé et voulu, car la stratégie libérale est désormais bien connue : baisse des moyens alloués au service public, dénonciation de leurs dysfonctionnements causés par ces manques de moyens et donc justification de privatisations ou d’applications de mesures libérales détruisant ces mêmes services publics. De fait, les réformes Blanquer suppriment le bac national, saborder ainsi le dernier bac national n’est-il pas le meilleur moyen de justifier sa propre suppression ? La fin du bac national et l’introduction du contrôle continu, donc une notation locale, aura pour conséquence qu’un bac n’aura pas la même valeur en fonction du territoire où on le passe. Les fuites de sujets, dans un lycée privé pour le bac 2019, montre à quel point, ce bac local pourra être manipulé.

Les professeurs grévistes jetés en pâture à l’opinion publique par votre ministre, M. Blanquer, ainsi que par vous-même, ne sont pas un groupe « radicalisé » (comme on a pu trop souvent le lire ou l’entendre) aux revendications corporatistes : nous défendons la notion de service public de qualité, l’égalité des chances et un métier que nous exerçons avec passion. Nous alertons aussi sur les dégradations à venir des conditions de travail pour les professeurs, et surtout pour les élèves. Peu importe que cela puisse paraître à certains comme impopulaire ou désuet : nous saurons être pédagogiques et répéter sans cesse les affres vers lesquels vos réformes nous dirigent. Nous sommes déjà soutenus par les fédérations de parents et par les syndicats lycéens.

M. Emmanuel Macron, vous êtes censé être le président de toutes les Françaises et de tous les Français et à ce titre je vous demande donc publiquement des excuses pour les propos que vous avez tenus à l’égard de fonctionnaires que vous avez décrits comme des délinquants ou des terroristes. Vos propos ont pu heurter à la fois les personnels enseignants et les victimes de véritables prises d’otages, qu’elles soient des attentats ou non. Je vous demande d’arrêter de criminaliser les contestations sociales, à défaut de vouloir les entendre. Je vous demande, au nom des collègues grévistes, de toutes celles et ceux qui les soutiennent, la démission de M. Blanquer, qui dans sa gestion du bac 2019, s’est mis à dos l’écrasante majorité des personnels administratifs et éducatifs de l’Education nationale, rendant impossible la mise en place de « l’école de la confiance ».

Nous, professeurs grévistes, vous demandons enfin, l’ouverture de nouvelles négociations autour des réformes nécessaires à notre système éducatif ; négociations sans lesquelles il ne peut y avoir un apaisement de la situation et une rentrée de septembre 2019 sereine.

Veuillez recevoir M. Emmanuel Macron, l’expression d’un enseignant amoureux de son métier et inquiet de l’avenir de cette belle institution, l’Education nationale, creuset du savoir et du vivre ensemble.

Merci de partager cette lettre !!

Affaire Benalla : « La crainte d’une justice aux ordres paraît devenir réalité » 08/07/2019

Ça.. l utilisation de la violence, la main mise sur les media, la mise au pas de fonctionnaires... la république de Macron adopte les modes de fonctionnement d un régime autoritaire.. quid de la démocratie?

Affaire Benalla : « La crainte d’une justice aux ordres paraît devenir réalité » TRIBUNE. Jean-Philippe Derosier, constitutionnaliste et professeur de droit public, conteste, dans une tribune au « Monde », la décision du procureur de la République de Paris de classer sans suite les poursuites contre trois collaborateurs d’Emmanuel Macron.

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